Festival de cannes…

Ne croyez pas le titre, cet article ne parlera pas de stars et de paillettes, mais plutôt de… la Canne à sucre! Bien sûr, cet article n’intéressera pas tous les lecteurs de Glaudinet, mais comment ne pas parler de la culture de l’île de la Réunion, d’autant plus que la campagne de coupe bat son plein. Pour preuve, les Hauts de Saint-André (vous remarquerez qu’il n’y a pas grand chose à part de la canne).

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Pour préciser et donner quelques chiffres, la canne occupe ici plus de 60% des terres agricoles pour une production de 1 850 000 tonnes de canne, ce qui donne au final 200 000 tonnes de sucre. La Réunion est la première région productrice de canne en France, loin devant les Antilles (certes, y’a assez peu de concurrence en France…). Ici, c’est assez « simple », si on retire la canne, y’a plus d’île… C’est toute une économie qui tourne autour de la canne à sucre (planteurs, usiniers, distilleries…).

C’est vrai qu’on ne connaît pas bien cette culture en métropole, alors ça m’a paru assez intéressant d’écrire un article sur le sujet.

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La canne à sucre, de son vrai nom Saccharum officinarum L., est une Poacée (ex Graminée), donc elle talle. Une fois plantée, la souche peut produire pendant 5 ans, 10 ans… en fonction de l’entretien et des techniques de cultures. La canne n’est pas récoltée la première année (hormis dans l’Est de l’île où les conditions sont très favorables), elle est ensuite coupée tous les ans. Son rendement varie de 60 T/ha (dans les Hauts de l’Ouest non irrigués) à 120 T/ha (dans l’Est de l’île, très humide).

A la Réunion, la coupe se déroule de juillet à décembre, du fait de la variation d’altitude entre les parcelles des Bas et celles des Hauts, mais aussi des techniques de coupe. En effet, à peine 10% de la coupe est mécanisée, tout le reste se fait à la main, ce qui prend du temps!

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Vous devez trouver ça étonnant de récolter la canne encore à la main aujourd’hui, mais ça s’explique. Ici, les terrains ne sont majoritairement pas mécanisables. La pente est en général bien trop forte pour s’aventurer avec une machine dans les champs de canne.

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Bien sûr, un gros travail d’aménagement (épierrage surtout) permettrait de mécaniser une partie des Bas et ainsi récolter environ 50% de la canne à la machine, mais tout le travail reste à faire et nombreux sont les planteurs qui ne veulent pas la machine parce qu’elle abime les souches.

Mais là, y’a un vrai problème. Les coupeurs aujourd’hui, c’est difficile d’en trouver. Les jeunes ne veulent pas le faire parce que c’est trop creuvant (habillé des pieds à la tête pour supporter les moustiques et les rats quand le soleil tape sur la tête…) alors que le RMI tombe à la fin du mois, et les vieux ne veulent pas être déclarés pour toucher quand même le RMI. Bref, la production de canne va obligatoirement devoir se mécaniser dans les prochaines années.

Après la coupe, les planteurs apportent la canne jusqu’à une balance. Vous remarquerez que toutes les normes de sécurité sont respectées (longueur de chargement…) :

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Une bonne partie des planteurs paient des prestataires pour charger et transporter la canne parce qu’ils n’ont pas le matériel pour. Mais il existe encore 2 ou 3 planteurs « traditionnels »:

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Eh oui, on en croise encore parfois… Ensuite, les « cachalots » (c’est comme ça qu’ils appellent leur camion de canne) emportent la canne vers l’une des deux usines de l’île (Bois Rouge dans l’Est ou Le Gol dans l’Ouest).

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Voilà comment l’histoire commence… J’arrête de monopoliser Glaudinet, je vous raconterai la suite plus tard (sucrerie, distillerie).

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15 réponses à Festival de cannes…

  1. Jacques dit :

    Olivier, félicitation pour ton article qui nous fait vivre (presque) comme si on y était la récolte de la canne. C’est digne d’un véritable reportage de journaliste.

    Là, Denis ne pourra plus dire que le niveau de Glaudinet n’est pas à la hauteur 😉

  2. mfrance dit :

    Olivier, il y a donc du travail à la Réunion puisqu’on y recherche des coupeurs de cannes!!!Cette photo du travail à la main me rappelle le film « Les oiseaux se cachent pour mourir » avec Richard Chamberlain; pour les plus anciens de Glaudinet, cela peut évoquer quelques souvenirs.
    Reportage très intéressant, ni trop court, ni trop long mais très précis; merci à toi. Ton père ne le verra que mercredi ou jeudi quand il reviendra; mais pour une réponse de sa part, il faudra peut-être attendre que nous ayons déménagé, quand il pourra avoir la tête à intervenir sur Glaudinet!!!

  3. mgermaine dit :

    Si j’ai bien compris maître Olivier, quand je mets un sucre dans mon café chaud, le café fume de l’herbe!
    Excellent exposé! Merci mon p’tit biquet.

  4. olive dit :

    Dans ton café Gogo, c’est peut-être de la betterave…

  5. Bernard dit :

    Chapeau Olivier pour ce dossier très bien documenté, 🙂
    on l’attendait, tu l’as fait …

    est ce que la récolte mécanique se fait avec une simple  barre de coupe
    ou une espèce d’ensileuse ?

    j’ai vraiment hâte de lire la suite… 😉

    Avec cet article sur la canne, Glaudinet prend de la hauteur …

    et cela me ramène inévitablement à fredonner la chanson :
    « sur mon chemin, jai renconté la fille du coupeur de canne
    sur mon chemin, jai rencontré la fille du coupeur de blé
    etc… « 

  6. olive dit :

    Les machines ressemblent plutôt à des ensileuses, Bernard. Elles ont deux becs pour récolter deux rangs de canne à la fois. Les becs sont plus larges que ceux d’une ensileuse à maïs (la canne talle donc il y a plusieurs tiges au niveau d’une même souche) et ils sont équipés de sortes de vis sans fin sur les côtés pour guider les tiges de canne dans la machine. Ensuite, c’est un peu comme une ensileuse sauf que ça coupe beaucoup plus gros. Et là, plus besoin d’enchaîner les cannes sur la remorque pour ne pas en perdre sur la route, on utilise une benne « normale »…

  7. mfrance dit :

    Attention à ne pas confondre la canne et la betterave; les gens du Nord de la France ne seraient pas vraiment contents de la concurrence .!!!

  8. Vincent dit :

    Concurrence ou pas (désolée pour les gens du nord)…mais nous apprécions beaucoup le sucre de canne; merci Olivier pour ce reportage bien documenté; nous attendons la suite.
    Superbes également tes photos du volcan.
    Et maintenant ,un petit reportage sur le village de Maffate(2 f ou 2 t ?) ?Es tu d’attaque pour une grande marche? Pense à tout ce que Valentin te réserve pour ton retour!
    Anmarie

  9. olive dit :

    Mélie, il n’y a pas de village nommé Mafate. Mafate, en fait, c’est un des trois cirques de la Réunion (avec Cilaos et Salazie) dans lequel se trouvent plusieurs « îlets » (petits villages) dont Marla, La Nouvelle, Aurère, Ilet aux Orangers…

  10. Bernard dit :

    Merci Olivier, pour ces précisions techniques mais j’ai encore d’autres questions :
    comment met-on en place une nouvelle plantation ?
    – boutures ou rhizomes ?
    – j’ai aussi entendu aujourdhui qu’au Brésil, on brûlait les feuilles sèches de la canne pour faciliter la récolte ???
    je vais me constituer un dossier technique pour l’agriculture alsacienne…car :
    – avec le retour de la chrysomèle du maîs ( 2e année : catastrophe prévisivible pour certains, youpi pour d’autres … je ne vais pas détailler sur Glaudinet tous les enjeux liés à l’arrivée de ce parasite des racines du maîs)
    – les perspectives futures de crise viticole potentielle….
    – le réchaudffement climatique
    la canne à sucre sera peut-être chez nous une culture de diversification …..

  11. olive dit :

    Bernard, pour mettre en place une nouvelle plantation de canne, on procède par bouturage, en utilisant des morceaux de canne de 40-50 cm. Il faudrait que j’y regarde de plus près mais apparemment, les souches de canne sont espacées d’environ 1 mètre, tout comme les « menées » (rangs) entre elles. En gros, chaque souche dispose d’1 m² pour se développer.
    Sinon, pour la technique brésilienne, c’est certainement possible. Je sais juste qu’ici, les planteurs retirent la paille de canne avant la coupe. Je ne sais pas s’ils le font tous, mais en tous cas certains le font et je crois que ça faisait partie du CAD canne. En fait, un champ de canne pas nettoyé, c’est la vraie jungle, on peut pas rentrer dedans sans un coupe-coupe. Donc c’est bien possible que les brésiliens brûlent la paille avant la coupe pour améliorer le rendement des machines.

  12. mfrance dit :

    Nous sommes en pleine formation technique sur la canne à sucre et c’est super intéressant. Le sujet suivant pourrait être la vanille pour faire du sucre vanillé!!!
    Bernard, tu as peut-être raison de penser à la canne pour une culture future en Alsace , mais alors, que cultiveront les Réunionnais?

  13. olive dit :

    Rectification Bernard, je retire ce que j’ai dit sur la paille de canne. Comme la coupe est faite à la main, les coupeurs retirent la paille en même temps qu’ils coupent. L’objet du CAD était, entre autres, de laisser la paille sur la parcelle comme fertilisant, au lieu de la brûler ou de la donner/vendre aux éleveurs de bovins. Voilà pour la Réunion. Sinon, d’après Fred, si les brésiliens brûlent la paille de canne juste avant la coupe, c’est tout simplement pour faire augmenter le taux de sucre et donc être payé un peu plus cher à la livraison! En tous cas, ça n’a pas d’autre intérêt.

  14. Bernard dit :

    Le géographe qui m’a rapporté cela prétend que c’est pour faciliter la coupe manuelle que les feuilles ( très coupantes ) sont brûlées au Brésil …????

  15. olive dit :

    Bon ben là, Bernard, je vois pas. Ca m’étonne, je pensais qu’au Brésil, avec les terrains plats qu’ils ont, la coupe était mécanique. En plus, pour maîtriser un feu dans un champ de canne en pleine été, c’est pas évident…

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